5 distilleries martiniquaises incontournables

ban article rhum martinique

La toute première référence d’une distillation d’eau-de-vie de canne en Martinique remonte au XVIIe siècle et plus précisément en 1639, lorsqu’un certain M. Faguet reçoit de la part de la Compagnie des Îles d’Amérique, une autorisation lui permettant de distiller. Autrefois, le rhum était connu sous le nom de Tafia, guildive ou encore tue-diable.

Dans cet article, nous partons à la rencontre de 5 distilleries de rhum martiniquaises incontournables.


Aux origines du rhum martiniquais

En 1640, la toute première habitation sucrerie durable fait son apparition en Martinique. Cette construction donnera lieu à l’apparition d’une multitude d'habitations sucrières par la suite. En 1670, on comptait 117 habitations-sucrières en Martinique, un siècle plus tard en 1767 elles étaient au nombre de 450.

En 1694, Jean-Baptiste Labat, prêtre missionnaire dominicain, effectue son premier voyage en Martinique. Il en profitera pour emporter tout son savoir-faire en matière de distillation. Grâce à lui, le processus de distillation du rhum évolue notamment grâce à l’utilisation d’alambics charentais à repasse.

Les techniques de distillation changent en 1808, lorsque le français Jean-Baptiste Cellier-Blumenthal met au point le premier alambic vertical à colonne. Les premiers modèles sont installés en Martinique en 1818. Puis en, dès 1840, les alambics à colonne simple commencent à se développer et gagnent en popularité.

Portrait du Père Labat

Portrait de Jean-Baptiste Labat (©André Bouys et C. Mathey)

C’est aussi durant le XIXe siècle que la production de rhum a connu un tournant décisif, notamment avec l’introduction des rhums de jus de canne frais

Cette transformation a été largement influencée par la concurrence accrue du sucre de betterave, introduit en Europe à la fin du XVIIIe siècle. 

La betterave à sucre, cultivée principalement en France et en Allemagne, offrait une alternative économique et locale au sucre de canne importé des colonies, ce qui a fortement impacté les producteurs de canne à sucre dans les Antilles.

Face à cette concurrence, les producteurs martiniquais ont dû se diversifier pour survivre. Sans perspectives commerciales pour le sucre, ils se sont concentrés sur le rhum en le produisant directement avec le jus de la canne, sans la transformer

La centralisation de la production sucrière sur l'île de la Martinique a également joué un rôle crucial. Les petites plantations, incapables de rivaliser avec les grandes usines centralisées, se sont tournées vers la production de rhum agricole, utilisant le jus de canne frais

Ce type de production de meilleure qualité leur permettait de se positionner sur un marché de niche, répondant à une demande croissante pour des produits authentiques et locaux.

Jusqu’alors, le développement et la production de rhum se déroulaient à merveille en Martinique. 

Le 23 avril 1902, le volcan de la Montagne Pelée entre en éruption et détruit sur son passage une grande partie du nord de la Martinique.

Eruption mont Pelee
Éruption du mont Pelée en Martinique le 23 avril 1902

La ville de Saint-Pierre est rayée de la carte. La plupart des usines et distilleries sont détruites ou fermées, entraînant la suppression de milliers d'emplois.

Suite à cela l’industrie du rhum martiniquais se reconstruit peu à peu et connaît une popularité fulgurante durant la Première Guerre mondiale, mais sera remplacée par le whisky durant le Seconde Guerre mondiale.

Petit à petit, la popularité du rhum diminue au profit du whisky. Le cours du rhum chute jusqu’à tomber au plus bas en 1972. La population mondiale perd tout intérêt pour le rhum jusque dans les années 1990.

En 1996, le rhum agricole de Martinique obtient le label AOC (appellation d’origine contrôlée), il s’agit alors d’un tournant majeur. Pour l’obtenir, les producteurs ont dû se conformer à des normes strictes en matière de sélection, de traitement, etc. Par exemple, pour être certifié, la fermentation ne doit pas excéder 72 heures et le rhum doit être stocké dans des cuves en inox pendant trois mois, avant embouteillage.

5 distilleries de rhums martiniquais à connaître

La distillerie Neisson

L'histoire de la distillerie Neisson débute en 1932, un arrêté du Gouverneur des Colonies officialise la création de la petite distillerie du Carbet sur les terres de la Thieubert par les frères Neisson.

C’est la seule des nombreuses petites distilleries familiales établies dans le Nord-Caraïbe, région éloignée des grandes usines et berceau du rhum agricole, à avoir perduré jusqu'à aujourd'hui.

Adrien a planté les premières cannes sur la propriété de La Thieubert et a construit le premier bâtiment en pierres issues du lit de la rivière. Son jeune frère, Hildevert-Pamphile, surnommé Jean, est parti à Paris pour obtenir son diplôme d’ingénieur-chimiste pendant que le premier bâtiment sortait de terre.

Batiments de la distillerie Neisson
Bâtiments de la distillerie Neisson sur le domaine Thieubert en Martinique

La première chaudière Babcock, datant de 1880, a été achetée d’occasion, tout comme l’a été le premier moulin Mariolle Fives-Lille en 1927.

Jean s’est consacré à l’amélioration du processus de fermentation et de distillation, en modifiant les plateaux de la colonne Savalle en cuivre pour extraire les arômes les plus subtils. Il est également à l’origine de la bouteille iconique « Zepol’Karé ».

Alambics a colonne de la distillerie Neisson
Zepol'Karé est le format de bouteille iconique de la distillerie Neisson

Dès le début, Jean cherchait constamment à innover et à exceller, se concentrant particulièrement sur la qualité du rhum blanc plutôt que sur le rendement.

Il fut le premier à utiliser des cuves de fermentation en inox, à préconiser un broyage modéré, des fermentations longues et des assemblages sélectifs à partir de cultures parcellaires, afin de préserver le goût unique de Neisson.

Il est par ailleurs précurseur dans la préservation de l’environnement, en introduisant, par exemple, la consignation des bouteilles.

En 1997, le rhum blanc Neisson à 55% a été le premier à recevoir une médaille d’or au Concours Général de l’Agriculture avec l’appellation d’Origine Contrôlée Martinique.

En 2002, pour le 70ème anniversaire de la distillerie, le premier rhum brut de colonne à 70%, « l’Esprit », a été lancé, inaugurant une success story qui continue sans relâche.

Précurseur en matière de terroir et de défense de l'environnement, Neisson produit le premier rhum Bio en AOC dès 2016.

En 2018, Neisson est devenue la première entreprise de Martinique et la première distillerie d’Outre-Mer à recevoir le prestigieux label d’État Entreprise du Patrimoine Vivant.

Découvrez un rhum incontournable de la distillerie Neisson

NEISSON Profil 62

NEISSON Profil 62

65.9

Neisson Profil 62

Lorsqu'on découvre pour la première fois ce nouveau Profil 62 de la distillerie du Carbet, le terme qui vient instantanément à l'esprit est harmonie.

D'abord sur le plan des couleurs, où les nuances de jaune et de vert créent un dégradé éclatant de luminosité. Ensuite, sur le plan aromatique et gustatif, où les notes florales, fruitées, épicées, miellées, exotiques et même médicinales se dévoilent avec une grande sérénité.

La distillerie Saint James

En 1765, le révérend père Edmond Lefébure prend la décision de construire sur les hauteurs de Saint-Pierre une distillerie de rhum. Dans l’habitation sucrière de Trou-Vaillant, il commence ainsi à produire un tafia de canne à sucre, appelé à cette époque guildive.

Plutôt que de donner à son rhum l'appellation de Trou-Vaillant, le père Lefébure opte pour Saint-James, nom d’un amiral anglais ayant habité la ville de Saint-Pierre. Ce nom était aussi un moyen de commercialiser son rhum plus facilement aux colons de Nouvelle-Angleterre.

vue aerienne habitation Saint James
Vue aérienne de l'habitation Trou-Vaillant ou est distillé le rhum Saint-James

À cette époque, l’importation de rhum dans l'Hexagone était interdite pour ne pas concurrencer les eaux-de-vie métropolitaines. L'appellation Saint-James était facilement reconnaissable par les Anglais, ce qui permettait de faciliter la vente de son rhum aux colons de Nouvelle-Angleterre.

Plus d’un siècle plus tard, en 1890, Paulin Lambert, négociant marseillais, s’intéresse grandement à la production de rhum martiniquais et rachète plusieurs habitations, notamment celle de Trou-Vaillant, après avoir déposé la marque “Saint-James”.

En 1902, la Montagne Pelée entre en éruption et rase une bonne partie du nord de la Martinique. Les plantations aux alentours de Saint-Pierre sont rayées de la carte. La distillerie Saint-James a été en partie épargnée et reprend la production de rhum dès 1905.

Durant la Première Guerre mondiale, la distillerie Saint-James profitera du contexte pour accélérer sa production de rhum, qui servait à la fabrication de poudre, de désinfectant et à la consommation des soldats.

Après une période de grande difficulté financière, la société française Cointreau acquiert les rhums Saint-James en 1973 et délocalise la production à Sainte-Marie sur la côte Atlantique au nord de l’île.

Distillerie Saint James
Musée du rhum dans l'Habitation Trou-Vaillant à Saint-Pierre, où est distillé le rhum Saint-James

L’entreprise renaît et propulse ses rhums sur la scène internationale et dès 1996, Saint-James participe activement à la création d’une “A.O.C Martinique” qui met en avant la typicité du rhum agricole martiniquais.

Découvrez un rhum incontournable de la distillerie Saint James

SAINT JAMES 15 ans

SAINT JAMES 15 ans

86.5

Saint James 15 ans

Vieilli pendant 15 ans dans le climat tropical de Sainte-Marie, ce rhum agricole martiniquais est un grand classique de la maison Saint James. C'est un rhum de dégustation exceptionnel, offrant des arômes intenses et puissants. Ses notes complexes de fruits mûrs, de bois précieux et d'épices subtiles séduiront les amateurs les plus exigeants, faisant de chaque dégustation une expérience sensorielle unique et mémorable.

La distillerie Depaz

La distillerie Depaz tire ses origines de l’Habitation La Montagne, un domaine agricole fondé en 1651 par Jacques Duparquet, premier gouverneur de la Martinique.

À l'origine, le domaine est exploité pour la culture du tabac, de l’indigo et pour l’élevage. Cependant, très vite, la culture de la canne à sucre s’y développe grâce à l’amélioration des techniques de distillation.

Plusieurs familles, dont celle de Victor Depaz, participent activement au développement de la production de rhum en Martinique, contribuant ainsi à l’essor de la ville de Saint-Pierre, qui devient le premier port rhumier mondial.

Batiments distillerie Depaz
Distillerie Depaz, située au pied de la montagne Pelée en Martinique

Les fûts de rhum sont expédiés vers l’Europe, où le liquide ambré suscite un engouement considérable. À son apogée, Saint-Pierre est surnommée « le petit Paris des Antilles ».

Cependant, le 8 mai 1902, l’éruption du volcan de la Montagne Pelée rase la ville de Saint-Pierre et marque un tournant dans l'histoire de la région. 

Victor Depaz, alors étudiant à Bordeaux, apprend la disparition de toute sa famille. Orphelin et ruiné, il envisage de s’installer au Canada. Lors d’une escale en Martinique, il décide de revenir à Saint-Pierre, à l’Habitation Périnelle, lieu de son enfance.

Le 8 mai 1917, exactement 15 ans après l’éruption, Victor Depaz inaugure sa toute nouvelle distillerie, approvisionnée par les 521 hectares de canne à sucre qu’il possède désormais sur les flancs de la Montagne Pelée.

Chateau Depaz
Château Depaz, réplique de l'Habitation Périnelle. Les travaux furent achevés en 1922 après 5 ans de chantier.

Il fait également édifier une demeure familiale, réplique de l’Habitation Périnelle, baptisée Château Depaz, où il s'installe en 1922 avec son épouse et leurs onze enfants.

Dans les années 1950, les fils de Victor Depaz, André et Raoul, prennent la relève. Ils modernisent la production de canne à sucre et améliorent la distillerie, désormais connue sous le nom de Distillerie Depaz.

Découvrez un rhum incontournable de la distillerie Depaz

DEPAZ VSOP

DEPAZ VSOP

56.9

Depaz VSOP

La Réserve Spéciale VSOP de Depaz est un mélange singulier de rhums mûris dans des fûts de chêne soigneusement choisis. Lors de la dégustation, elle révèle une rondeur et une longueur en bouche remarquables.

La distillerie A1710

Le nom de la distillerie tire son origine de Jean Assier, aïeul des propriétaires actuels de la distillerie, qui débarqua en Martinique en 1710.

En 2006, Yves Assier de Pompignan entreprend le projet de créer une nouvelle rhumerie. Avec la reprise de l’Habitation du Simon, il prend la décision de lancer son projet en 2010. Un chai de vieillissement est alors établi, équipé de futailles ayant servi au cognac, ainsi qu'un laboratoire à l’Habitation du Simon.

Après de longues démarches administratives, l'autorisation d'ouverture de la distillerie est enfin obtenue le 31 décembre 2015. C'est la première distillerie dédiée à la fabrication de rhum agricole à voir le jour en Martinique depuis des décennies.

Batiment de la distillerie a1710
Bâtiments de la rhumerie A1710 implantée dans l'Habitation du Simon à Le François en Martinique (©distillerie A1710)

Les travaux de la rhumerie commencent alors, installés dans une ancienne purgerie à sucre du XVIIIe siècle, au cœur du domaine.

Après dix années de travail acharné, la distillerie A1710 est inaugurée à l’Habitation du Simon.

En 2023, l’équipe de la distillerie A1710 relève un nouveau défi : celui de mettre en service un second alambic. Presque identique au premier installé en 2015, cet alambic en cuivre a été conçu sur mesure et assemblé sur place. Sur le même principe que le premier alambic la "Belle Aline", le nouvel alambic, nommé "Douce Alice", combine un alambic charentais avec une colonne créole.

Habitation Saint-Etienne - Distillerie du Simon

Habitation Saint-Etienne (HSE) produit ses rhums sur deux sites. Elle distille dans la distillerie du Simon. Quant aux autres étapes de la production, elles sont réalisées directement au domaine Saint-Etienne.

L'Habitation Saint-Etienne a été fondée au XIXe siècle, plus précisément en 1863, au cœur de la Martinique, une île des Antilles françaises. À l'origine, l'habitation était une plantation de canne à sucre, comme de nombreuses autres sur l'île à cette époque et s’étendait sur plus de 400 hectares.

Tonneaux de rhum HSE
Fûts en inox entreposés sur le domaine de l'Habitation Saint-Etienne où est fabriqué le Rhum HSE

En 1882, la plantation est rachetée par Amédée Aubéry, un riche industriel. Celui-ci modernise l'exploitation et installe une distillerie pour transformer la canne à sucre en rhum agricole, un alcool de qualité supérieure obtenu par la distillation directe du jus de canne, appelé "vesou".

Sous la direction de la famille Simonnet, qui prend le relais en 1909, l'Habitation Saint-Etienne connaît une période de prospérité. La distillerie est modernisée, et la production de rhum agricole devient le cœur de l'activité.

Dans les années 1990, la distillerie connaît un renouveau grâce à la reconnaissance de l'AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) Rhum Agricole de Martinique.

POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA DÉCOUVERTE DU RHUM MARTINIQUAIS

La Maison du Whisky possède trois boutiques dans Paris : 

La boutique Odéon est spécialisée dans les rhums et pourra vous faire découvrir une grande variété de ce spiritueux.

Suivez notre agenda de dégustation pour les dégustations à venir, ou rendez-vous au Golden Promise Whisky Bar qui propose un large choix de rhums et autres spiritueux au verre.