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New Vibrations

Whisky du monde

ORIGINES & NOUVELLES FRONTIÈRES

Reflet de l’étendue et de la diversité du monde du whisky, ce chapitre rassemble des embouteillages sélectionnés aux quatre coins du globe. Single malts, bourbons, rye ou blends, ces produits élaborés sur tous les continents sont le fruit d’une histoire mondiale qui n’a pas fini de s’écrire. En effet, aux côtés des pays producteurs historiques de whisky, des nations d’Europe et d’Asie se sont imposées au fil des dernières décennies comme des acteurs à part entière de l’industrie du whisky. Les prochaines années pourraient bien voir émerger de nouveaux terroirs, en Asie notamment, avec l’arrivée de la Chine sur le marché.

Suivant un fil chronologique, la sélection s’ouvre avec l’Irlande et les États-Unis, territoires où l’industrie du whisky s’est structurée dès la fin du XVIIIe siècle et s’est transformée rapidement grâce aux avancées technologiques du XIXe siècle. Des marques pionnières, telles Redbreast et Blanton’s, côtoient Willett qui renaît de ses cendres en 2012, et de jeunes distilleries créées après 2000, comme Waterford ou Whistle Pig.

Dans ce tour des pays producteurs historiques du whisky, la sélection met ensuite le cap sur le Japon où l’on élabore des single malts et des blends depuis un siècle désormais. À l’orée de ses 90 ans, Nikka Whisky s’impose comme l’une des doyennes de l’archipel, aux côtés de Mars dont la plus ancienne distillerie, Shinshu, a été fondée en 1985, ou encore Chichibu qui incarne une nouvelle génération de producteurs.

Cette plongée dans l’histoire des spiritueux se poursuit dans des pays où la production de whisky a commencé plus tardivement, tels l’Inde (Rampur, Amrut), Taïwan (Kavalan), l’Australie (Starward, Hellyers Road) et la Nouvelle-Zélande où la distillerie Scapegrace, après avoir lancé son premier whisky l’an dernier, inaugure un nouveau site à l’automne 2023. Enfin, nées après 2000, Penderyn, Smögen, Cotswolds et Bimber incarnent la nouvelle vague sur le Vieux Continent.

Irlande - Single Malt, Single Pot Still - Officiel - Waterford

UN ASSEMBLAGE SYMPHONIQUE

Pour le catalogue New Vibrations, Mark Reynier, fondateur de Waterford et Ned Gahan, le master blender de cette distillerie irlandaise, ont imaginé une nouvelle Micro Cuvée : Good Vibrations.

Emprunté aux Beach Boys, son nom fait immédiatement fredonner le titre solaire et insouciant de Brian Wilson, dont la sortie a joyeusement marqué l’histoire de la pop rock californienne des années 1970. Simple clin d’œil à une bande sonore devenue mythique ? Ce morceau, dont l’enregistrement aura nécessité 22 sessions et le recours au Thérémine, un instrument innovant qui préfigure la musique électronique, s’avère plus complexe qu’il n’y paraît avec ses harmonies vocales et ses différentes parties instrumentales… Un peu comme cette Micro Cuvée dont l’élaboration a été motivée par une démarche expérimentale.

Pour concevoir Good Vibrations, douze assemblages ont été réalisés à partir de l’analyse sensorielle de distillats d’orges cultivées par sept fermes et de versions âgées de trois ans élevées dans quatre types de fûts distincts, dégustés au degré naturel. La recette choisie associe quatre whiskies élevés en fûts de bourbon, millésimés 2019, issus d’orges produites par les fermes Lacka, Lacken et Donoughmore.

« La Micro Cuvée, c’est en quelque sorte un protocole expérimental impliquant les composants des spiritueux Waterford qui pourraient un jour contribuer à la complexité de The Cuvée, notre édition permanente. On peut voir ça ainsi, mais aussi de façon plus amusante : comme quelque chose qui sort un peu plus des codes créatifs habituels de la série des Cuvée Concept, qui nous permet de « jouer » avec tous les ingrédients de notre portfolio de fûts et de terroirs, et de travailler sur un assemblage unique qui représente un instant, une sensation ou une vision. »

Mark Reynier, fondateur de Waterford

Irlande - Single Malt, Single Pot Still - Officiel - Redbreast

États-Unis - Bourbon, Rye - Officiel - Willett, Whistle Pig

    Japon - Blended Grain - Officiel - Nikka Whisky

    UN KALÉIDOSCOPE À L’IMAGE DE NIKKA

    En inaugurant le 2 juillet 1934 la distillerie de Yoichi sur l’île d’Hokkaido, Masataka Taketsuru fonde Nikka Whisky, pionnière de la production de whisky dans l’archipel. À l’approche de son 90e anniversaire, la maison japonaise a lancé la gamme Nikka Discovery, un cycle qui met en lumière, depuis 2021, ses savoir-faire et son histoire.

    Après les duos de single malts Yoichi et Miyagikyo, dédiés à la tourbe en 2021 et aux levures en 2022, la troisième édition de Nikka Discovery dévoile un assemblage unique mais complexe baptisé The Grain. Pour réaliser cette cuvée, les masters blenders de Nikka Whisky ont sélectionné sept styles de whiskies de grain dont les plus anciens datent de 1988, élaborés par quatre distilleries différentes : Miyagikyo, Nishinomiya, Moji et Satsuma Tsukasa.

    Une partie de l’assemblage est composée des Coffey Grain et Coffey Malt produits par Miyagikyo, ainsi que les anciens Coffey Grain (maïs et orge maltée) et Coffey Malt (100% orge maltée) de Nishinomiya, site de production de whisky de grain jusqu’en 1998. Comme leur nom l’indique, ces expressions ont été distillées en alambic Coffey, un équipement que Masataka Takesturu découvre dès 1919 lors de son apprentissage chez James Calder en Écosse, et qu’il décide d’importer en 1963 au Japon.

    À ces expressions s’ajoutent des whiskies de grain d’orge maltée et non maltée, de maïs et de seigle des distilleries Moji et Satsuma Tsukasa. Toutes deux spécialisées dans la production de shochu et équipées d’alambics à repasse, elles ont été acquises en 2002 par la maison mère de Nikka Whisky, Asahi.

    Onctueuse, fruitée et complexe, la cuvée The Grain arbore sur son étiquette un damier coloré symbolisant les caractères distincts des quatre distilleries dont elle est issue.

    « Onctueuse, fruitée et complexe, la cuvée The Grain arbore sur son étiquette un damier coloré symbolisant les caractères distincts des quatre distilleries dont elle est issue. »

    Japon - Single Malt - Officiel - Chichibu

    LA TOURNÉE DES GRANDS MAGASINS PARISIENS

    Avec leurs grandes verrières typiques, leurs ferronneries ciselées et leurs façades ouvragées, les grands magasins témoignent des innovations du monde du commerce et de l’architecture française de la seconde moitié du XIXe siècle.

    En 1852, l’inauguration du Bon Marché, premier grand magasin au monde créé par Aristide et Marguerite Boucicaut, provoque une petite révolution. Prix fixes, marges réduites, livraison à domicile, échange d’articles, vente par correspondance, soldes, coin bibliothèque : dans le monde entier, on s’inspire de ce nouveau modèle commercial incarné par ce magasin du 6ᵉ arrondissement. Attirant les employés de bureaux, la petite et la moyenne bourgeoisie, le concept de bazar de luxe a de beaux jours devant lui...

    Quatre ans plus tard, en 1856, le marchand ambulant François Xavier Ruel fait ouvrir le Bazar de l’Hôtel de Ville, d’abord nommé Bazar Napoléon. Lors des décennies suivantes, Parisiens et touristes verront s’ériger différentes enseignes sur la Rive Droite : Le Printemps Haussmann, créé par Jules Jaluzot et Jean-Alfred Duclos en 1865, la Samaritaine en 1869, fondée par Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jaÿ, et qui a retrouvé son éclat après seize longues années de restauration achevée en 2021. Enfin, les Galeries Lafayette sont ouvertes en 1894, plus de quarante ans après le Bon Marché. En 1923, le Bon Marché inaugure de nouveaux bâtiments situés à l’angle de la rue du Bac et de la rue de Sèvre : le comptoir de l’Alimentation, qui sera renommé, cinquante ans plus tard, en 1978, La Grande Épicerie de Paris.

    Seconde révolution commerciale à l’époque, c’est la première fois qu’un comptoir alimentaire est intégré à un grand magasin. On y propose des conserves fines, des thés d’exception, du cacao en poudre et des chocolats, puis des produits frais à partir de 1933. Des expositions thématiques y sont présentées pour mettre en valeur la gastronomie étrangère, notamment italienne et britannique. Très parisien, ce magasin iconique de la Rive Gauche fête en 2023 son premier centenaire.

    C’est en référence à cette histoire parisienne que Chichibu dédie sa Paris Edition 2023, un assemblage d’exception signé Ichiro Akuto. Cinq versions d’étiquettes ont été conçues pour représenter chacune des façades de ces bâtiments emblématiques de l’histoire commerciale et architecturale de la capitale.

    Collection numérotée :

    #1-420 : Le Bon Marché (1852)

    #421-840 : BHV (1856)

    #841-1260 : Le Printemps (1865)

    #1261-1680 : Samaritaine (1869)

    #1681 - 2100 : Galeries Lafayette (1893)

      CHICHIBU X KATSUMI KOMAGATA

      En parallèle de la cuvée Paris Edition 2023, la distillerie japonaise Chichibu, fondée en 2008 par Ichiro Akuto, dévoile une nouvelle série de single casks : quatre versions âgées de 6 à 9 ans dont les profils organoleptiques résultent de la distillation de différentes variétés d’orges et d’un vieillissement dans des fûts de typologies distinctes. Le designer japonais Katsumi Komagata, célèbre pour ses œuvres réalisées en papier coloré et découpé, a conçu les étiquettes de ces embouteillages. Intitulées Bird, Forest, Sky, Wave, ces images inspirées de la nature entrent en résonance avec l’univers de Chichibu que l’artiste connaît bien. Rencontre avec Kastumi Komagata.

      Pouvez-vous nous parler de votre parcours d’artiste, d’auteur de livres et de designer ?

      J’ai commencé ma carrière en tant que graphiste dans une société américaine et, au bout de sept ans, je suis retourné au Japon. C’était en 1983. La naissance de mon enfant en 1990 m’a donné envie de créer des livres d’images différents des livres pour enfants traditionnels. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à réaliser des ouvrages qui

      m’ont rapidement permis de me faire connaître à l’international. Le musée de Villeurbanne m’a consacré en 1994 une exposition qui a voyagé en France, en Italie, en Espagne et au Portugal. Le centre Pompidou a publié mes livres Plis et Plans, Leaves en 2001. D’autres projets ont suivi avec des institutions culturelles françaises et mon travail a été distingué plusieurs fois par le Prix du livre de Bologne. Depuis, j’ai été invité de plusieurs musées au Japon et à l’international, notamment à Paris, en 2022 à la Maison de la culture du Japon. J’ai aussi travaillé comme directeur artistique pour la mode, notamment pour Comme des Garçons. Ces dernières années, j’ai par exemple été sollicité par Hermès pour concevoir des produits pour leur nouvelle marque Petit h.

      Les illustrations que vous avez conçues pour illustrer cette gamme de Chichibu font référence à la nature : est-ce votre première source d’inspiration ?

      En 2021, j’ai installé mon atelier à Ichinoseki, dans la préfecture d’Iwate. C’est un lieu entouré d’une nature extrêmement généreuse, avec un ciel magnifique, des nuages, des montagnes et des couleurs qui changent au fil des saisons. On peut y

      observer une grande variété d’animaux sauvages. Les images que j’ai créées pour les étiquettes de cette collection émanent directement de cet environnement qui m’inspire.

      Quelles passerelles pourraient exister entre votre travail graphique et artistique, et l’univers des spiritueux et du whisky ?

      Quand le profil d’un whisky, en l’occurrence Chichibu, et les créations d’un artiste entrent en résonance, cette rencontre crée une synergie tout à fait captivante pour celui qui déguste. J’utiliserai une image assez personnelle. J’ai pu remarquer, en travaillant avec des personnes malvoyantes, l’importance du biais visuel pour la perception des goûts et des odeurs. Notre sens de la vue a une grande influence sur nos perceptions lorsque nous mangeons et que nous buvons. Et quand on déguste un whisky, on savoure bien sûr les arômes et les saveurs, mais on l’apprécie aussi visuellement. Dans le prolongement, j’imagine que l’esthétique des bouteilles pourrait bien rendre un whisky encore plus savoureux aux yeux du dégustateur.

      Crédits (de haut en bas) :

      Forest,

      Sky,

      Bird,

      Wave,

      par Katsumi Komagata.

        Japon - Single Malt - Officiel - Tsunuki, Shinshu

        MARS X TAKAHIRO KURASHIMA

        La maison japonaise Mars propose cette année une collection de quatre whiskies élaborés dans ses deux distilleries, Shinshu (1985) et Tsunuki (2016), vieillies pour certaines sur leur lieu de production et pour d’autres, dans les chais de Yakushima, île située au sud de Kyushu. Inspiré par les grands classiques de l’art cinétique, l’artiste Takahiro Kurashima a réalisé les étiquettes de la série.

        Les motifs géométriques de chaque étiquette évoquent les différents sites naturels où sont nés ces whiskies : la distillerie Shinshu érigée à 800 mètres d’altitude, celle de Tsunuki établie dans les plaines, les chais de Yakushima construits en bord de mer.

        Dans les œuvres de Takahiro Kurashima, tout devient symbole : la teinte dorée de l’étiquette indique le niveau de tourbe, prononcé (50 ppm) ou plus ténu (20 ppm) du whisky. Quant au type de fût dans lequel il a vieilli, il est représenté par un cercle clair lorsque la maturation a été effectuée en bourbon barrel et par un cercle noir quand il s’agit d’un élevage en fût de sherry. Autant d’indices pour déceler le profil et l’origine de chacune de ces versions.

        Une fois réunies, ces quatre étiquettes forment une composition unique que l’artiste a transposée en une vidéo intitulée Strings of Nature, tel un portrait mouvant des différentes facettes de Mars.

        Crédits (de haut en bas) :

        Yamanami (montagne),

        Heiya (plaine),

        Nami (vague),

        Yamatonami (montagne et vague), par Takahiro Kurashima.

          « Les motifs de Shinshu (montagnes), Tsunuki (plaine) et Yakushima (vagues) sont utilisés comme arrière-plan de l’étiquette. La tourbe, représentée par l’or, et le fût, symbolisé par le cercle, viennent s’intégrer à l’arrière-plan. »

          Takahiro Kurashima

          Taïwan - Single Malt - Officiel - Kavalan

          Inde - Single Malt - Officiel - Amrut

          AMRUT, COLOURS OF INDIA

          Fondée en 1948, quelques mois après l’indépendance de l’Inde, par JN Radhakrishna Rao Jagdale, Amrut fait figure d’exception dans une industrie nationale où la production de whisky est majoritairement réalisée à partir de mélasse*. Si la distillerie de Bangalore élabore principalement des blended whiskies destinés à la consommation locale (mais aussi des rhums et du gin), elle produit également, depuis 2004, un single malt dans les règles de l’art écossais.

          Revendiquant cette identité atypique, Amrut affiche la mention whisky indian single malt sur ses embouteillages aussi fièrement qu’un label. À l’exception de ses versions tourbées issues de malt écossais, elle cultive son orge dans le Rajasthan, le Penjab et l’Haryana, sur les contre- forts de l’Himalaya, dont elle réalise le maltage à Jaipur ou à Delhi. Autre trait distinctif, la société familiale a construit ses quatre alambics sur place et a même développé sa propre tonnellerie. Autant de partis pris qui font d’elle, aujourd’hui, une authentique pionnière et ambassadrice du whisky indien à l’international.

          Mais c’est aussi par la palette aromatique et gustative luxuriante de ses single malts, vieillis à 1000 mètres d’altitude sous un climat tropical, qu’Amrut rayonne dans l’industrie des spiritueux. Les innombrables éditions limitées qu’elle propose aux amateurs déploient des saveurs denses, riches et épicées qui, dans leur foisonnement, résonnent dans l’imaginaire collectif avec l’exubérance de la fête des couleurs hindoue, Holi.

          Sélectionnés par le maître distillateur d’Amrut, Ashok Chokalingam, les deux single casks du catalogue création incarnent à merveille le style complexe, racé et opulent d’Amrut. À travers les tonalités fruitées, vives et maltées du Port Pipe et celles, animales et vineuses de la version tourbée, ce duo invite à une dégustation qui marquera aussi durablement les sens que la découverte, par le voyageur, des marchés aux fleurs et aux épices de Bangalore.

          Après ce duo aux étiquettes vert tilleul et vert impérial ciselées de motifs dorés, de prochains embouteillages continueront de déployer, telles les étoffes et soieries chamarrées de l’artisanat indien, toutes les couleurs éclatantes de l’Inde.

          *La catégorie obéit en Inde à une réglementation plus souple qu’en Europe : la matière première distillée n’est pas nécessai- rement une céréale et le temps minimum d’élevage en fûts est de deux ans (au lieu de trois).

          Inde, Australie, Nouvelle-Zélande - Single Malt - Officiel - Rampur, Starward, Scapegrace

            Australie - Single Malt - Officiel - Hellyer’s Road

                Angleterre - Single Malt - Officiel - Bimber

                Angleterre, Pays de Galles, Suède - Single Malt - Officiel - Cotswolds, Penderyn, Smögen