Dans l’univers des spiritueux, l’art de déguster fait l’objet de toutes les attentions.
Avant de se plonger dans les diverses méthodes et pratiques de dégustation, il est essentiel de se rappeler que la dégustation reste une expérience liée à l’appréciation et à la sensibilité de chacun.
Préparer une dégustation implique réunir les conditions idéales, d'utiliser des verres appropriés et de se trouver soi-même dans un état adéquat. Ces paramètres à la fois contextuels et psychologiques peuvent influencer considérablement l’appréciation d’un spiritueux.
Dans cet article nous allons passer en détail chacune des étapes qui vous permettront de maîtriser l’art de la dégustation.
L’importance du verre pour déguster un whisky
Tout d’abord, avoir des verres adaptés est fondamental pour apprécier pleinement des whiskies de qualité.
Le rôle principal du verre est d'exalter les qualités de son contenu, en révélant sa couleur et ses arômes, tout en offrant une prise en main confortable. Il est donc crucial de comprendre les caractéristiques favorables et les limites d'un verre de dégustation.
De nombreuses habitudes de consommation et clichés persistent dans l'univers des spiritueux. On associe trop souvent la consommation de whisky au verre tumbler, rond et droit. Cependant, ce type de verre est déconseillé pour une dégustation, car il rend difficile la perception des arômes délicats.
Existe-t-il un verre idéal pour la dégustation de whisky ?
Pour concevoir le verre parfait, les fabricants ont exploré diverses formes de verres, avec ou sans pied, de différentes épaisseurs et aux rebords plus ou moins resserrés ou évasés. Naturellement, ces nombreux prototypes ont été évalués en utilisant divers types de whisky afin de maximiser la diffusion des arômes. C’est notamment le cas pour le verre single malt du spécialiste Riedel.
Dans les bars, le tumbler, caractérisé par sa forme droite, son fond épais et son large diamètre, est le type de verre à whisky le plus couramment utilisé.
Ce modèle est idéal pour les whiskies servis avec glace ou soda, mais il ne convient pas aussi bien à la dégustation pure.
Toutefois, et pour déguster un whisky, un verre à vin conforme aux normes INAO, un verre à porto ou une copita (verre à sherry) sont parfaitement adaptés.
Ce dernier est fréquemment utilisé dans de nombreuses distilleries en Écosse, en Irlande, et au Kentucky et est le choix privilégié des blenders lors de leurs sessions prolongées de nosing (consiste à utiliser son sens olfactif pour évaluer et identifier les arômes présents dans le whisky) pour créer leurs assemblages.
On retrouve aussi fréquemment le verre Glencairn dans les centres de visiteurs des distilleries ou les bars spécialisés dans le whisky.
Quelles sont les qualités essentielles d’un verre de dégustation ?
Le verre adéquat devrait présenter un col étroit ou, à défaut, se rétrécir vers le haut pour permettre une concentration efficace des arômes à sa base. En effet, utiliser un verre droit rend difficile une appréciation olfactive précise.
Par ailleurs, un verre dont le col est trop large par rapport à sa base ne concentrera pas suffisamment les arômes, tandis qu'un col excessivement étroit concentrera les arômes mais également les vapeurs d'alcool, agressant ainsi les cellules olfactives.
Concernant la hauteur du verre, elle dépend de la proportion d’alcool versé, mais nous vous conseillons d'opter pour des verres relativement hauts.
La question du pied du verre mérite également d'être soulevée. L'avantage d'un verre à pied est clair : en le tenant par le pied, on évite le réchauffement du whisky par la chaleur de la main et les éventuelles traces de doigts que l’on peut y déposer.
L’importance de l'environnement pour déguster un whisky
Pour apprécier pleinement les nuances d'un whisky, la dégustation doit se dérouler dans un cadre neutre, avec une lumière naturelle pour mieux cerner la robe du whisky.
Un environnement bruyant ou mal isolé peut sérieusement entraver la concentration nécessaire. La température de la pièce joue également un rôle crucial : l'alcool prend le dessus sur les arômes à des températures élevées, tandis qu'une ambiance trop froide ne permet pas aux arômes de se dévoiler pleinement.
Des espaces tels que le salon ou la salle à manger sont généralement idéaux. Cependant, il est important de s'assurer que ces lieux ne soient pas saturés d'odeurs qui pourraient interférer avec celles du whisky.
Par exemple, il vaut mieux éviter de déguster un whisky dans une pièce où l'on cuisine ou dans une pièce imprégnée des odeurs d'un feu de cheminée ou d'un bouquet de fleurs trop parfumé.
Le parfum porté par le dégustateur ou par quelqu'un d'autre à proximité peut également affecter l'expérience de dégustation.
La vue, l’odorat et le goût : les 3 sens primordiaux de la dégustation
La vue dans la dégustation d’un whisky
À l'instar de certains spiritueux vieillis en fût, le whisky est fréquemment coloré avec du colorant caramel (E150).
Pour cette raison, l'évaluation de la couleur du whisky ne peut fournir un critère objectif de sa qualité, dans la mesure où le producteur peut ajouter quelques gouttes de colorant au moment de l'embouteillage afin d'atteindre la teinte souhaitée.
Toutefois, on retrouve depuis plusieurs années de plus en plus de single malts non colorés.
Ces embouteillages portent la plupart du temps la mention “couleur naturelle” ou “non coloré” et donnent à voir l’étendue de leur palette colorimétrique, de l’incolore au brun très foncé en passant par l’or et l’acajou.
Ces différentes colorations varient en fonction du type de fût utilisé et de la durée de vieillissement.
Une teinte très claire, tirant vers la paille avec des nuances verdâtres ou de platine, suggère généralement un whisky plutôt jeune puisque le chêne n'a pas encore eu suffisamment de temps pour influencer sa couleur.
Une couleur dorée ou ambrée, en revanche, témoigne d'une interaction plus marquée entre le whisky et le fût de chêne. Cela n’est pas forcément le résultat d’un vieillissement plus long, car les conditions climatiques extrêmes (comme en Inde ou à Taïwan) ainsi que le type de fût (neuf ou ayant contenu auparavant du sherry par exemple) peuvent aussi fortement influencer sur la couleur d’un whisky.
L’odorat dans la dégustation d’un whisky
Le nez joue un rôle primordial dans l'expérience de la dégustation.
Maîtriser l'art de la dégustation, c’est certes développer son odorat, mais aussi être capable de transcrire ses perceptions.
Faute de vocabulaire pour décrire les odeurs et saveurs, on associe les perceptions sensibles à des éléments : fruits, fleurs, végétaux, épices etc. pour décrire le plus fidèlement possible chaque senteur.
Ces sensations mobilisent notre mémoire. En effet, le vocabulaire de la dégustation consiste souvent en des comparaisons et des métaphores évoquant des lieux, des objets, des aliments, des éléments naturels ou des images.
C'est à travers le partage de ces expériences que l'on peut atteindre une certaine précision dans la description des arômes.
Le goût dans la dégustation d’un whisky
Après le nez, vient l’étape de la bouche.
Lors de la dégustation d'un whisky, les experts recommandent de le laisser reposer en bouche plusieurs secondes pour en saisir toute la palette aromatique. À l’inverse, avaler précipitamment le whisky peut interrompre l'échange subtil se déroulant entre le produit, le palais et le nez.
La quantité de whisky dégustée joue également un rôle crucial sur les saveurs perçues. Commencez avec une très petite quantité pour habituer le palais à l’alcool, puis augmentez légèrement la quantité qui vous permettra de faire tourner le whisky lentement dans la bouche.
Évitez de faire barboter le whisky en aspirant de l’aire dans la bouche à la manière des sommeliers lors de dégustations de vin. Cette technique provoquera une sensation de brûlure.
Aussi, la position du whisky en bouche n’est pas sans importance.
Beaucoup se limitent à le maintenir au centre de la langue, alors qu'il est préférable de le faire circuler dans toute la bouche pour en libérer pleinement les arômes.
Cette technique permet d'explorer la complexité du whisky en engageant différentes zones gustatives, enrichissant ainsi l'expérience de dégustation.
Comment déceler la texture d’un whisky ?
La texture fait référence à la sensation physique du whisky en bouche.
Elle peut varier de soyeuse et douce à robuste et huileuse, influençant directement la perception des saveurs.
Un whisky peut sembler léger ou riche, lisse ou granuleux, en fonction de sa texture, ce qui affecte l'expérience globale de dégustation.
La texture est influencée par plusieurs facteurs, tels que le processus de distillation, la maturation ou même le type de fût utilisé.
La rétro olfaction dans le goût
La rétro olfaction est le processus par lequel les arômes remontent à la cavité nasale par l'arrière de la gorge après que le whisky a été avalé ou recraché.
Ce phénomène permet de percevoir des nuances aromatiques qui n'étaient pas évidentes lors de la première dégustation ou par l'odorat seul.
La rétro olfaction est essentielle pour évaluer pleinement la complexité d'un whisky, car elle peut révéler des couches supplémentaires d'arômes, comme des notes subtiles de fruits, de bois, d'épices, ou de fleurs qui complètent la première impression olfactive au nez.
La capacité à identifier ces nuances dépend de la pratique et de l'expérience, ainsi que d'une attention particulière portée aux arômes après la dégustation.
Comment identifier différents arômes et saveurs dans un whisky ?
Apprendre à reconnaître les arômes implique souvent de commencer par identifier à quelles familles ils appartiennent avant de les nommer avec plus de précision.
Il est donc utile de se familiariser avec les principales familles d'arômes présentes dans le whisky :
- Arômes céréaliers : incluant des notes de bière, biscuit, blé, orge, brioche, maïs, malt, pain grillé, seigle, etc.
- Arômes phénoliques : comprenant des nuances de réglisse, caoutchouc brûlé, cendre, encens, feu de bois, goudron, iode, macadam, poisson fumé, etc.
- Arômes fruités : regroupant des senteurs d'agrumes, fruits blancs, fruits jaunes, fruits exotiques, fruits rouges, fruits secs, etc.
- Arômes de fruits secs : avec des évocations de noisette, noix, amande, praliné, etc.
- Arômes herbacés et floraux : englobant des odeurs de feuilles, fleurs blanches, foin, herbe fraîche, menthe, rose, etc.
- Arômes pâtissiers : tels que la cannelle, le caramel, le toffee, la vanille, etc.
- Arômes boisés : incluant des essences de cigare, chêne, cèdre, sève de pin, sciure, etc.
- Arômes vineux : variant selon les fûts, avec des notes de xérès, madère, porto, bourgogne, etc.
- Arômes épicés : cannelle, poivre, curry, curcuma, etc.
Déguster votre whisky en 4 étapes
Explorer la richesse d'un whisky sollicite plusieurs de nos sens. Voici comment procéder en quatre étapes :
1. Contemplez la teinte du whisky
Avant de plonger dans les saveurs et arômes, commencez par apprécier visuellement le whisky.
Servez-le dans un verre adapté et observez sa couleur sous un bon éclairage, si possible une lumière naturelle.
La teinte du whisky, pouvant aller du doré pâle à un ambré profond, pourra éventuellement vous donner des indices sur le degré d’influence que le fût aura pu avoir sur le whisky lors de sa maturation.
2. Découvrez les odeurs du whisky
Approchez délicatement votre nez du verre pour en humer les arômes.
Le whisky libère un bouquet complexe où se mêlent des notes fruitées, florales, épicées, ou encore boisées, selon sa composition et son vieillissement.
Cette étape primordiale permet d'anticiper les saveurs qui suivront et de commencer à percevoir la richesse du whisky.
3. L’étape du goût
Finalement, portez le whisky à vos lèvres. Laissez-le envelopper votre palais pour découvrir la gamme complète de textures et de saveurs.
La dégustation doit être lente, permettant à chaque saveur de se révéler avant de prolonger le plaisir de la dégustation sur la finale après l’avoir avalé ou recraché.
4. dernière étape de la dégustation : le finale et la rétro olfaction
L'étape finale de la dégustation est appelée la finale. La durée et l'intensité de cette sensation peuvent grandement varier.
Une finale courte peut s'avérer décevante si les premières impressions et les saveurs perçues en bouche ont été positives. À l'inverse, une longue finale est souvent le signe d'un grand whisky.
C’est aussi à cette étape que la rétro olfaction se manifeste. Elle peut d’ailleurs survenir pendant plusieurs minutes après la dégustation : les arômes remontent à la bouche depuis le nez, se situant à mi-chemin entre une odeur et un goût.
Souvent, la rétro olfaction met en avant des senteurs qui étaient auparavant passées inaperçues.
F.A.Q
Faut-il rajouter de l’eau quand on déguste un whisky ?
L'ajout de quelques gouttes d'eau complète une dégustation. On peut donc verser de l'eau une fois la couleur et les reflets du whisky bien observés. Il vaut donc mieux éviter d’ ajouter de l'eau au premier nez. Parfois une simple goutte d'eau suffit à réveiller toute une palette de saveurs.
Lors du passage en bouche, certaines personnes, parfois peu habituées à déguster des spiritueux purs, pourraient être dérangées par la brûlure de l'alcool. L'eau permettra alors de rendre le whisky plus accessible.
Toutefois, notez bien que tous les whiskies ne se marient pas avec l'eau.
Avec quels aliments le whisky s’accorde-t-il ?
Tous les whiskies ne s'accordent pas avec n'importe quel aliment.
Depuis longtemps, les Irlandais, par exemple, ont développé un savoir-faire particulier pour associer leur whiskeys au saumon fumé, tandis que les Écossais préfèrent accompagner leurs whiskies de leur plat national, le Haggis.
En explorant une grande variété de whiskies côtiers (écossais ou irlandais), on découvre qu'ils s'harmonisent aisément avec des mets tels que les poissons ou les fruits de mer. Les whiskies tourbés, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne se marient pas aux aliments fumés.
Le whisky, en tant que spiritueux, peut être apprécié aussi bien pendant un dîner qu'au moment du dessert.
Que signifie “mâcher du whisky” pendant une dégustation ?
Mâcher un whisky pendant une dégustation est une technique utilisée pour explorer en profondeur ses arômes et saveurs.
Cette méthode consiste à prendre une petite gorgée de whisky et à la faire circuler dans toute la bouche, comme si on mâchait un aliment. Ce processus permet d'exposer le whisky à toutes les parties de la bouche.
En mâchant le whisky, on l'oxygène légèrement, ce qui peut aider à libérer des arômes plus volatils et subtils.
Cela assure aussi que le liquide entre en contact avec le plus grand nombre possible de récepteurs gustatifs et olfactifs, ce qui intensifie l'expérience gustative.
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